La mise bas.
On appelle parturition ou mise bas le processus mécanique gestation. et physiologique qui aboutit à l'expulsion des fœtus et des annexes embryonnaires hors des voies génitales maternelles au terme de la
Le déterminisme de la mise bas
Pas plus en médecine vétérinaire qu'en médecine humaine on n'a pu, jusqu'à ce jour, bâtir une théorie irréfutable nous enseignant par quels facteurs se déclenche le "travail" chez les mammifères. On suppose cependant que ce déterminisme est endocrinien et que la sénescence placentaire stimule l'axe hypothalamus-hypophyse-surrénalien ; ce qui aboutirait à une augmentation du taux des corticostéroïdes, une chute de la progestérone, une augmentation des œstrogènes, une sécrétion d'ocytocine (hormone hypophysaire). Or, l'on sait que l'élévation des taux d'ocytocine et d'œstrogènes provoque et favorise les contractions utérines.
On distingue trois périodes successives dans la mise-bas :
- la phase de contractions utérines et de dilatation du col (avec écartement de la symphyse pubienne sous l'action de la relaxine)
- la phase d'expulsion du fœtus qui pénètre dans la filière pelvienne sitôt achevée la dilatation cervicale
- la phase d'expulsion du placenta qui, sous l'effet des contractions, se détache de la paroi utérine.
Les signes avant-coureurs
Les signes subjectifs échappent rarement à l'éleveur attentif. Deux jours avant les flancs de la chienne se creusent, les pointes des hanches semblent proéminentes et l'animal donne soudain l'impression d'avoir maigri : ce relâchement des ligaments du bassin est provoqué par une hormone hypophysaire, la relaxine. Certaines lices sont tentées de faire un nid : elles creusent un trou dans le jardin ou en appartement et parfois déchirent le matelas de leur couche. Enfin, 24 heures avant la mise bas la plupart refuse toute nourriture et manifeste de fréquentes et fausses envies de vider leur intestin.
Les signes physiques : le plus fidèle des signes objectifs reste la chute thermique à condition de savoir l'interpréter correctement. Nul n'ignore que la température du chien oscille entre 38° et 39. A partir du 56e jour il faut prendre matin et soir la température de la gestante. Quatre à sept jours avant la naissance la courbe thermique devient erratique avec des chutes fréquentes. 24 à 48 heures avant la naissance la température tombe au plus bas : 37° et parfois à 36°5 (par baisse du taux de progestérone). Puis, dans les 6 heures qui précèdent la parturition, elle remonte à la normale indiquant l'imminence du travail qu'annoncent aussi : l'agitation de la chienne qui va, vient, se couche, se relève, marche le dos très vouté ; l'apparition d'un fin tremblement musculaire ; le suintement du colostrum à l'extrémité des mamelles, et une fort sécrétion de mucus, teinté de sang, qui s'écoule d'une vulve devenue moins saillante.
Durant ces dernières heures de la gestation, les contractions passives de l'utérus ont fait progresser le chiot de la corne utérine à l'utérus proprement dit, tout en dilatant et en effaçant le col.
De 2 à 8 heures, en moyenne
Une fois le travail enclenché, le premier chiot va naître en deux heures au maximum.
Les contractions actives et simultanées de la musculature abdominale puis vaginale et du diaphragme vont provoquer l'expulsion qui se produit généralement en position couchée, mais qui peut aussi avoir lieu en position semi-assise (comme pour la défécation).
Quand l'éleveur, aux aguets, voit sa chienne redresser la queue pendant une contraction, il sait que l'arrivée du chiot est imminente.
De fait, très vite, apparaît à la vulve la poche fœtale et, à partir de cet instant, l'expulsion du chiot n'excédera pas 20 à 30 minutes.
70% des "bébés" naissent en avant et les pattes antérieures de part et d'autre de la tête, mais 30% d'entre eux se présentent par le siège. Au moment du passage l'allantoïde (une enveloppe fœtale externe) se rompt et un peu de liquide jaune paille s'écoule.
Le chiot naît le plus souvent dans l'amnios (enveloppe fœtale interne). La mère, d'instinct, déchire la poche amniotique qu'elle avale, coupe le cordon ombilical avec ses dents et commence à lécher vigoureusement son petit pour le nettoyer, l'aider à pousser son premier cri et le réchauffer.
Le placenta, décollé de la paroi utérine, est expulsé de une à quinze minutes après chaque chiot, et la mère le mange aussi. Est-il souhaitable qu'elle le fasse ? Les avis divergent. Certains pensent (ce n'est pas prouvé) que l'ingestion du placenta favorise la production de lait. Il est certain qu'à terme les placentas ont recueilli tous les déchets et toxines de l'embryon. leur ingestion est parfois suivie de diarrhées violentes et déshydratantes.
Les intervalles entre chaque naissance sont très irréguliers : normalement de 10 à 60 minutes. Ils peuvent s'étaler sur plusieurs heures.
En moyenne, une parturition dure de 2 à 8 heures.
Quelle doit être l'attitude de l'éleveur au cours de la parturition ? Faut-il laisser la chienne se débrouiller seule, ou l'assister. Il faut avant tout être présent., s'abstenir de toute intervention si le processus est normal, mais être prêt à tout moment à aider sa chienne s'il en est besoin.
Ce que vous pouvez et devez faire
Avant la mise bas, préparez une caisse de 80cm par 80cm. et garnissez le fond de serviette ou encore de fausse peau de mouton (vet bed). Placez la caisse dans un endroit protégé et habituez votre chienne à y demeurer longtemps avant la date prévue pour la délivrance.
Ayez prêts au moment de la mise bas des doigtiers stériles, un peu d'huile de paraffine, des linges chauds, du nylon stérile (ou du fil de coton trempé dans l'alcool), des compresses stériles, des ciseaux stérilisés, de la teinture d'iode. Envisagez un chauffage d'appoint (aux infrarouges par exemple) et un thermomètre au dessus de la caisse pour maintenir - au moment de la naissance et durant les 4 jours qui suivent - une atmosphère légèrement humide de 25° à 28° (à la naissance le chiot est hypothermique et sa température oscille entre 34°5 et 35°5)
Pendant la mise bas parlez à votre chienne (qui aime la présence des êtres familiers), calmez-la, rassurez-la.
Sachez appeler le vétérinaire à temps s'il y a inertie utérine : que le travail soit déclenché depuis plus de 2 heures sans qu'aucun bébé apparaisse par suite des efforts imparfaites d'une femelle âgée, ou obèse, ou manquant d'exercice ; ou qu'après des efforts prolongés pour une ou plusieurs expulsions, l'utérus soit devenu incapable de se contracter efficacement et que la femelle se fatigue inutilement.
Autre cas d'accouchement difficile : un fœtus est bloqué et les efforts de la femelle sont devenu improductifs : tantôt le chiot apparaît à la vulve pour disparaitre aussitôt, tantôt tête et pattes s'engagent sans jamais plus progresser. Tentez, dans cette situation d'urgence, d'intervenir vous-même, sans attendre l'arrivée du praticien : saisissez la partie du chiot qui vous est accessible et retenez-le pour qu'il ne remonte pas entre deux contractions. Pendant la contraction, tirez légèrement sur le chiot en le rabattant vers le ventre de la mère. Si rien y fait, il est bloqué et a besoin de se retourner : Muni du doigtier stérile enduit d'huile de paraffine, repoussez entre deux contractions vers le haut (vers l'utérus) le chiot coincé. Puis recommencez comme précédemment. Cela suffit bien souvent. Evitez à tout prix de déchirer l'enveloppe amniotique pendant ces opérations, vous risqueriez de déclencher le réflexe respiratoire trop tôt et, le thorax comprimé dans les voies génitales, votre chiot pourrait étouffer.
Par contre, lorsque le chiot est entièrement expulsé et afin qu'il puisse respirer, déchirez à la main le sac amniotique si la femelle ne le fait pas d'elle-même.
Réanimez le chiot qui reste inerte sans vagir : pour cela séchez-le vite en le frottant vigoureusement avec un linge chaud et dégagez ses voies respiratoires en plaçant la bouche sur son museau et en aspirant à travers d'une gaze les mucosités qui l'encombrent (n'aspirez pas trop violemment , vous pourriez "coller" ses poumons).
Coupez le cordon ombilical à un cm du ventre si la chienne ne le fait pas et ligaturez-le.
Comptez les placentas expulsés car un placenta non expulsé peut soit empêcher la venue au monde d'un chiot, soit être la source de graves infections des voies génitales de la mère.
Il est banal, mais pas du tout indispensable que la chienne mange les placentas qui, souvent, provoquent de fortes diarrhées. Essayez de les lui subtiliser.
Après la mise bas, désinfectez les ombilics avec de la teinture d'iode. Palpez le ventre de la chienne pour vérifier que tous les petits ont bien été expulsés. Il y a un vieux truc d'éleveur pour savoir si la chienne a fini la mise bas. Il faut lui donner du café au lait tiède très très sucré (un peu de café dans beaucoup de lait). Si la chienne refuse, il reste des chiots à venir, si elle boit, il n'y en a plus. Je l'ai vérifié, cela ne marche pas à tous les coups. Parfois la chienne boit le café-au-lait, puis continue la mise bas. Toutefois c'est une mixture qu'elles adorent et qui leur apporte un appoint de sucre non négligeable.
Surveillez les pertes de la mère qui - initialement verdâtres, puis rougeâtres - doivent au bout de 15-20 jours se limiter à une sécrétion de mucus incolore et inodore. Si, au contraire, les lochies sont purulentes ou fétides, méfiez-vous de la rétention placentaire et de l'infection et consultez votre vétérinaire.
Ce que vous ne devez pas faire
Avant la mise bas, ne négligez pas la surveillance de la courbe thermique qui permet de prévoir les parturitions prématurées et d'interpréter les dépassements du terme théorique dont on tire parfois argument pour pratiquer une césarienne.
Ne laissez pas votre chienne se délivrer n'importe où, que ce soit dans un appentis sans hygiène, un endroit trop froid ou qui vous serait inaccessible (sous votre lit).
Pendant la mise bas, en cas d'inertie utérine, ne pratiquez pas de votre propre chef des injections d'ocytocine. C'est au vétérinaire qu'il appartient éventuellement de la pratiquer après s'être assuré de l'ouverture effective du col et qu'aucun obstacle mécanique n'entrave la migration du fœtusc. Sinon les contractions violentes provoquées par ce produit risquent de provoquer des accidents graves (éclatement de l'utérus).
N'ouvrez pas la poche amniotique tant que le chiot n'est pas complètement expulsé.
Ne cherchez pas à extraire vous-même à tout prix un chiot immobilisé à la vulve et dont la tête semble grosse : vous courez le danger de provoquer de graves déchirures cutanées et musculaires au niveau du périnée.
Ne soufflez pas dans la gueule d'un petit inanimé sans l'avoir au préalable désobstrué : sinon l'inondation des bronches et des alvéoles est immanquable et le chiot est définitivement condamné.
Après la mise bas, ne forcez pas la chienne à manger si elle boude sa nourriture pendant quelques jours encore ; elle est généralement gavée de placentas.
Ne privez, sous aucun prétexte, les chiots du colostrum qui, seul, laisse passer les anticorps (supports de l'immunité passive transmise par la mère pour assurer leur protection durant les premières semaines de leur vie).
Source : CCCE :cigogne: